Je suis pas un vieux prof, mais quand on passe la trentaine, qu’on commence à avoir des cheveux blancs et mal au dos tous les matins au réveil, on se sent enthousiaste à l’idée de partager quelques bons conseils de vie. Dans ce billet, je m’adresse directement aux étudiant-es, mes étudiant-es et les autres, à propos de manières de faire, d’attitudes à adopter, des dispositions intellectuelles dans lesquelles se glisser, qui me semblent indispensables pour à la fois réussir mais aussi, et surtout, apprécier ses études. Voici donc les bons conseils de M. FUSI ® !

1° Lisez les consignes. Tant de points perdus parce que vous ne lisez pas en plein les consignes ou parce que vous ne les relisez pas afin de ne rien oublier. Et s’il y a des doutes, posez des questions au ou à la prof pour qu’elle réexplique.

2° Relisez-vous. Quoi que vous écriviez, relisez-vous ! Même un mail, prenez cette habitude car les fautes d’orthograffe sont taquines et se glissent de partout.

3° Posez toutes les questions qui vous viennent. Vaut mieux passer pour un-e imbécile que ne pas apprendre ou mal comprendre.

4° Consulter les sources, documents, compléments et autres donnés par le prof. C’est pas parce que c’est pas vu en cours que c’est inutile. Dans 99 % des cas, c’est juste que y a pas assez de temps pour le voir en cours, donc le ou la prof est obligée de vous indiquer qu’il existe tel article, tel bouquin, telle vidéo et autres qui concerne tout ça fait le cours et qu’il faut voir ou lire. Faites-le ! Vous apprendrez forcément quelque chose et vous aurez des exemples plus précis.

5° Ne soyez pas passifs et passives en cours. Trop souvent je vois des étudiant-es qui attendent le contenu du cours comme un bébé attend sa cuillerée de bouffe, la bouche ouverte. Certes, le cours peut être ennuyeux, mais il le sera d’autant plus si vous attendez sans rien faire, sans poser de questions, sans vous investir, sans être dans un rapport plus dynamique avec votre prof.

6° Ne prenez pas les raccourcis de la flemme. J’entends ici tous ces outils numériques qui peuvent vous faire gagner un temps considérable et surtout économiser beaucoup d’efforts de réflexion : un traducteur automatique, Chat GPT, un copier-coller google. Les moments que vous passez à suer des neurones ne sont jamais perdus ; en revanche, si vous prenez l’habitude de vous reposer sur des béquilles informatiques à la moindre épreuve, non seulement vous serez complètement incompétent-es sans internet, mais en plus vous perdez ce qui fait le sel de la vie, la capacité à produire, à créer.

7° Soyez matures. Je sais que ce conseil fait vieux con, mais je peux me le permettre, j’ai soufflé suffisamment de bougies. Pour le dire de façon claire, l’absence de maturité se perçoit quand malgré de très mauvais résultats, l’étudiant-e refuse l’aide proposée (mentorat, cours de soutien, réorientation, rendez-vous pour échanger sur sa situation, etc.), ou quand même si ses camarades signalent qu’il ou elle est chiante, il ou elle continue à être dissipé-e, ou encore quand l’étudiant-e ne sait pas du tout ce qu’il ou elle veut faire de sa vie mais ne saisit aucune opportunité (rencontres avec des pros, conseils en orientation) pour se faire un avis. Si ça va mal, aucune honte à cela. Prenez le temps de considérer votre situation et de chercher une solution en cas de problème. Et encore une fois, n’ayez pas honte à demander de l’aide ; identifiez un ou une prof en qui vous avez confiance et sollicitez un soutien.

8° Aidez-vous entre vous. Quelque chose qui est rarement fait, c’est d’échanger vos rendus entre groupes et de vous faire des retours. Quand on a le nez dans un boulot, on peut facilement passer à côté d’un élément gênant ou hors-sujet, ou encore estimer que les explications sont suffisantes et claires alors que ce n’est pas le cas. Vous pouvez aussi vous transmettre vos notes de cours ou constituer un lexique à propos des compétences ou des métiers que vous apprenez.

9° Développez une solidarité entre vous. Bien sûr, c’est difficile de s’entendre ou d’apprécier tout le monde, mais quand il n’existe aucune solidarité, c’est encore plus facile de s’engueuler, de se tirer dans les pattes ou de ne pas se soutenir. Les moyens de communication modernes peuvent par ailleurs favoriser cette solidarité, pour l’échange d’informations ou autre (je pense à des discord mais il existe plein d’autres façons).

10° Dites quand ça va pas. Aussi bien en ce qui concerne les cours que vous-même. Je suis pas dans la tête de mes étudiant-es, alors quand j’apprends que certain-es travaillent mal parce qu’ils ou elles sont en difficulté, je trouve ça dommage et contre-productif de doublement les pénaliser en les notant mal. Vos profs ne sont pas des psys mais ils et elles sont doué-es d’empathie. Les responsables de formation sont par ailleurs en contact avec les services de santé et d’handicap. Plus généralement, les centres de santé existent, et sont là pour vous aider. Sollicitez-les.

11° Sachez dire « stop » quand les études ne vous conviennent pas. Je vois trop souvent des étudiant-es qui semblent s’entêter à faire des études ou poursuivre une formation (peut-être sous pression familiale) alors qu’ils ou elle seraient clairement mieux ailleurs. Il n’y a aucune honte à arrêter quelque chose qui ne nous plaît pas ou plus, ou s’être trompé-e dans son orientation. Attention toutefois, il vaut mieux sortir soi-même, que se faire virer parce qu’on a trop foutu le bordel. Les échecs seront aussi mal perçus et difficilement justifiables. Je le regrette – car personne n’est parfait et on devrait avoir le droit à une deuxième chance – mais il peut vous être reproché cette « année où vous avez rien foutu ». Globalement, le fonctionnement de l’enseignement supérieur n’est pas par tout le monde et certains profils préféreront largement la vie en entreprise (l’argent constitue souvent une grosse différence).

12° Réorientez-vous si besoin. Il est difficile de savoir ce qu’on veut faire dans la vie, surtout à votre âge. Vos profs savent également que votre contact avec le monde pro a été limité et que, en conséquence, vous savez pas trop ce que sont certains métiers, et que vos choix répondent à des représentations qui peuvent être éloignées de la réalité. Donc c’est pas grave, si vous vous êtes trompé-es de voie.

13° Arrêtez de plagier. On vous voit venir. Tout d’abord, le « style étudiant » s’identifie et tranche vraiment avec un style journalistique ou scientifique. Ensuite, il suffit de faire un copier-coller sur Google ou Duckduckgo. Et pour finir, on utilise compilatio, logiciel ultra-performant pour détecter les plagiats. Bref, 99 % de chances de vous faire choper. Par ailleurs, le plagiat est vraiment une sale pratique, aussi immature que flemmarde, qui vous présente sous une lumière négative. Adoptez la règle suivante comme une loi immuable : toute source d’information doit être renseignée.

14° Allez à la rencontre des pros de votre secteur. Ne restez pas enfermé-es dans votre formation. Le monde déborde de personnes qui veulent parler de leur métier et qui se montreront motivé-es à l’idée d’échanger avec vous. Une formation universitaire (sauf alternance), peu importe laquelle, ne vous permettra jamais d’appréhender à 100 % un métier. Partez donc à la rencontre de ces personnes qui occupent des métiers qui vous plaisent, demandez-leur de vous parler de ce qu’elles font. En plus, ça peut être utile pour nouer des liens, vous faire connaître et, pourquoi pas, trouver un stage.

15° Ne prenez pas pour argent comptant tout ce que vous dit un-e prof. Au-delà des erreurs ou des oublis, un-e prof a, comme n’importe quel être humain, ses préférences et ses idées politiques qui peuvent tout à fait orienter le contenu d’un cours. Sur ce point, méfiez-vous en particulier des profs qui prétendent être objectifs ou neutres. Quoi qu’il en soit, faites toujours l’effort de prendre du recul pour rapport à ce que vous dit un-e prof. Attention, cela ne veut pas dire qu’il faut tout interroger, tout remettre en question, douter de tout ce qui sort la bouche de vos profs ; ne vous contentez juste pas de recopier ou d’apprendre bêtement.

16° Ne tolérez pas les comportements inappropriés d’un-e prof juste parce qu’il ou elle est votre prof. Professeur-e demeure une position d’autorité, quoi qu’on en dise. Cela peut entraîner l’idée qu’un-e prof est plus ou moins incritiquable. Rien n’est moins faux ; si certains comportements sont intolérables ou inappropriés, osez les dénoncer et les affronter directement ou passer par la direction.

17° Apprenez à dialoguer avec vos profs. Chose étonnante, mais les profs sont des êtres humains. Ils et elles ne peuvent donc pas deviner si quelque chose va ou pas. Apprenez donc à échanger avec vos profs, communiquez quand un cours vous a plu ou déplu. Dites aussi si vous voulez qu’un cours soit plus axé sur tel ou tel élément.

18° Demandez les « règles » ou le cadre du cours au prof. Chaque prof possède ses règles, plus ou moins explicites, indépendamment du règlement de l’université. Certain-es sont tolérant-es, d’autres pas du tout, certain-es expriment clairement ce qu’ils ou elles attendent de vous, d’autres moins. Dans ce cas, n’hésitez pas à demander ce que tolère ou pas un-e prof.

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